lundi 7 février 2011

SOUVENANCES

 Voici quelques extraits du bulletin «Souvenances» publié par l'association JMV-Maritimes, le 14 janvier 2011
------------------------

5ième COLLOQUE JMV-NB 2011


« ÉCRIRE MA VIE, OUI JE LE PEUX! »

Le samedi  7 mai 2011
Club de l’âge d’or de Richibouctou-Village
--------------------------------------
9 h 00 Inscriptions
• Échange amical - accueil – Muffins, café, thé, jus

• Projection de photos
9 h 45 Ouverture officielle du Colloque
• Présentation du comité du Colloque - Logistique de la journée
• Mot de la Présidente JMV-NB
• Accueil des représentants de l’Association
10 h 00 Conférence par nos invités
Monsieur Denis Sonier et Madame Faye Breau
11 h 30 Atelier (à confirmer)
12 h 00 Dîner
13 h 00 Atelier, suite…
13 h 30 Moment de gloire
• Les animatrices présentent les faits marquants de leurs groupes
• Les participants avec des éditions maison (Voir Fiche d’inscription)
14 h 15 Lancement  «Tes yeux qui me cherchent»  de Angélie Losier Jean
15 h 00 Session de signature des auteurs JMV-NB
15 h 30 Coupe du gâteau 5ième anniversaire
16 h 00 Clôture du Colloque JMV-NB 2011
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -- - - - - - - -

MOT DE LA PRÉSIDENTE
Bonjour à tous,

Je n’ai pu visiter les groupes comme je l’aurais rêvé. Cela me rappelle une phrase que ma mère me répétait souvent : « L’homme propose et Dieu dispose ».
Le message que j’ai à vous adresser aujourd’hui est : « Il y a toujours moyen d’apprendre de ce qui nous arrive. C’est probablement ce que vous faites en écrivant votre autobiographie. Vous apprenez de ce que vous avez vécu dans votre vie et vous continuerez d’apprendre jusqu’à la fin. Moi, j’ai appris suite à mon accident. Je vous partage mon texte écrit avec mon groupe de Beresford.  Ceci vous donnera une idée de ce que j’ai vécu et que je vis toujours. Je me vis bien et j’ai hâte de vous revoir tous au colloque le 7 mai prochain. Enfin! Enfin! Je me décide de m’assoir à mon ordinateur pour écrire.

Enfin! J’essaie de voir ce qui se passe en moi depuis ce fameux 8 novembre 2010 Enfin! Je me laisse aller à découvrir la signification de ce mot qui est monté lors de notre dernière rencontre de JMV.

Oui, ENFIN! Je peux faire confiance à la Vie. Enfin! Je viens d’accepter de m’accorder l’année d’arrêt qui crie en moi depuis plusieurs années. Je dirais même que cette soif de repos s’était manifestée après mon accident de 2001 en partant d’Ottawa. J’avais tellement peur de ne pas subvenir à mes besoins, de ne pas avoir d’amis, d’être laissée seule, de ne plus signifier rien pour personne, de manquer d’argent pour vivre, que cela m’a pris un autre accident pour me faire comprendre que je ne peux plus retarder cet appel au repos en moi.

Oui, Enfin! Je peux tout simplement Vivre! Quand j’ai repris connaissance dans mon auto le 8 novembre, je ne bougeais pas, je vivais tout simplement! Je respirais! Je faisais confiance à ceux qui étaient là! Je ne pouvais rien contrôler. Quand j’essayais de raidir mon corps pour me tenir, il flanchait et on me disait de les laisser faire. Mais je Vivais! J’entendais! Je sentais leur souci de prendre soin de moi. Je sentais leur respect. Je pouvais leur faire Confiance. Ils n’étaient là que pour m’aider.

Pourquoi ne pas les laisser faire, enfin! Les semaines qui ont suivi m’ont confirmée dans cette attitude. C’est inutile d’essayer d’avancer les rendez-vous à l’hôpital, de vouloir précipiter les choses. Je dépensais de l’énergie inutilement. J’avais besoin de cette énergie pour m’accueillir telle que j’étais. Finalement, j’ai dit que cela prendrait le temps qu’il fallait. Quand j’ai reçu la nouvelle que je ne pourrais pas conduire, on me disait que cela pourrait prendre six mois. Je croyais que ce serait pour un mois et que vite j’aurais réglé cela. Mais là, cela fait trois mois et je ne sais pas encore quand je pourrai reconduire. Mon auto neuve m’attend toujours. Mais je vis encore. Je me repose. J’apprends à demander de l’aide et je peux réapprendre à lire et à écrire. Je respire! Je peux prendre le temps de jaser avec quelqu’un. Je suis disponible pour de la visite!
J’AI LE TEMPS DE VIVRE!!!
ENFIN! J’ai la chance de gouter à la Vie avant qu’elle me soit enlevée pour de bon. ENFIN! Je pourrai me laisser habiter par cette Sérénité, cette Présence qui m’habite ce GPS intérieur qui me dit où aller, quand arrêter ou si je dois faire demi tour. Cette Présence, ce GPS que plusieurs nomment Dieu, Être Suprême ou Tout Autre. Pour le moment, je me contente de VIVRE TOUT SIMPLEMENT. Pour moi, vivre, c’est aussi être disponible. Je ne peux peut-être pas vous visiter, mais vous pouvez me rejoindre au téléphone ou par Skype. Je peux aussi recevoir de la visite. Vous êtes tous et toutes les bienvenus. Continuez votre beau travail et écrire votre vie est une activité qui va continuer à vous faire vivre vous aussi. C’est du moins ce que je vous souhaite.
À très bientôt,
Thérèse Landry
--------------------------------
PS : Je tiens à souhaiter une bienvenue spéciale au nouveau groupe de St-Léonard qui débute leur aventure avec JMV grâce à l’animatrice Mandy Poitras avec la collaboration de la bibliothèque de St- Léonard. Un remerciement à Jean-Baptiste Roy et Linda Noël-Smith qui prendront en main le nouveau groupe de la région Chaleur.

MOT DE LA RESPONSABLE DE L’ÉDITION
Au plein cœur de l’hiver, cela est surement plus difficile de quitter votre foyer pour aller aux rencontres JMV; mais, si vous êtes comme moi, la chaleur de ces rencontres vous aide à affronter les
plus grands froids.

J’espère que ce numéro de Souvenance sera un autre véhicule qui viendra vous réchauffer le cœur, un vent chaud sur le givre de nos histoires glacées. En nous forçant à l’intérieur, l’hiver est un temps propice pour l’écriture. Profitons-en!

Depuis le dernier numéro, il y a eu quelques malheureux événements. Je tiens à souligner que notre présidente, Thérèse,  sort tranquillement des effets de son accident d’auto. Elle est toujours en convalescence mais reprend graduellement son petit train train de vie. Nous lui souhaitons une pleine récupération de ses capacités.

Un autre malheur pour les participants de Restigouche fut le décès de Denis Mercier, conjoint de Marie-Louise. Vous trouverez ci-dessous, les messages de sympathies de Rose-Anne Lavallée et de Denise Michaud. Également, la mère de Germaine Basque-Benoit, une participante du groupe de Tracadie-Sheila, est décédée. Mes plus sincères sympathies à ces familles en deuil.

Vous aurez le plaisir de lire l’histoire d’une galerie spéciale qui hante la mémoire d’une participante de Grands-Sault. Et n’oubliez pas de regarder le programme du Colloque 2011. Il faut s’y inscrire le plus tôt possible afin d’avoir une idée du nombre de
participants. Votre animatrice aura plus de détails ou, vous pouvez m’appeler directement ou m’envoyer un message électronique si vous avez des questions.
Toujours disponible,
Francine Guignard
-------------------------------------
imagePaul Losier, Beresford

A chaque rencontre de notre regroupement, nous vivons des moments uniques. Les membres présents se dévoilent en toute confiance sachant que nous n’allons pas colporter à tout vent les confidences dont nous sommes témoins. Il peut s’agir de la maladie, des joies, des peines, des deuils, des drames et j’en passe. Encore aujourd’hui, nous avons pu entendre des témoignages de vie très bouleversants mais qui nous démontrent l’instinct de survivance de l’être humain. Le fait de pouvoir se confier volontairement à un groupe de personnes à l’écoute devient un genre de thérapie autant pour la personne qui donne son témoignage que celle qui le reçoit. Il faut du courage, de l’humilité et de l’abnégation pour se dévoiler ainsi. Il se peut que ce soit l’énergie du désespoir qui nous amène à livrer nos pensées les plus profondes concernant nos émotions. Quoi qu’il en soit, livrer sa vie semble avoir des effets bénéfiques dont il faut profiter.

Malgré tout ce qui nous arrive, l’être humain cherche à survivre, à vivre le plus longtemps possible. C’est heureux que l’homme soit fait ainsi. Nous avons l’occasion de côtoyer des personnes quotidiennement qui luttent pour leur survie à chaque jour de leur vie. Chaque personne que nous rencontrons vit des épisodes de vie dont nous ignorons l’existence. John Watson a écrit : « Sois indulgent, chaque être que tu rencontres livre une dure bataille. »

Certaines personnes nous livrent des témoignages qui dépassent notre entendement. Si nous avions à vivre pareille situation, nous croyons que nous ne pourrions pas passer au-travers de telles épreuves. Nous ne sommes pas à leur place mais parfois nous osons nous dire à quoi cela sert de continuer à vivre avec une si pauvre qualité de vie à nos yeux ? Il semble y avoir des raisons qu’on ne peut expliquer qui motivent les gens à vouloir survivre après avoir tout perdu ou presque. L’être humain possède des ressources insoupçonnées pour se trouver des raisons de vivre avec ce qu’il lui reste. Il semble que du moment que nous pouvons assumer nos limites et nous accepter tel que nous sommes, notre vie continue.
Le 24 janvier 2011
***************************************************
LA GALERIE DE NOS PROMESSES
Claudette Beaulieu Michaud, Grand-Sault

Cette galerie mémorable, très large, couvrait toute la façade de notre spacieuse maison  familiale. Cette dernière était située sur un terrain élevé et de la galerie une vue panoramique s’offrait à nos yeux. Du côté gauche on apercevait les champs de notre terre, la demeure des Picard et une butte parfaite pour le traineau sauvage. Plus loin on admirait les terres fertiles des Danois couronnées de deux minuscules églises protestantes. Pour nous ces temples que mes parents appelaient « mitaines » étaient bien mystérieux. J’ai appris plus tard que cette appellation venait du mot « meeting » et n’avait rien de péjoratif. De l’autre côté à droite, c’était la cave à patates mais au-dessus, au  sommet de la côte Pelletier, on distinguait la maison des Brielle et l’école Violette. Cette école rurale de deux classes à un mille de chez nous  a été fréquentée par mes plus jeunes sœurs et frères ainsi que ma mère, comme enseignante.

Cette galerie pourrait porter le nom de galerie des réprimandes car c’est dans l’encoignure que ma mère, une fois les jeunes au lit, nous rencontrait pour corriger les comportements indésirables. Je me souviens qu’un soir elle me convoqua pour m’avertir que c’était mal de traiter sa jeune sœur Lucille de « p’tite viarge ». Ça été fini! Même mon père y avait passé. Elle l’avait entendu... Elle lui fit promettre que plus jamais il ne prononcerait le juron « maudit » devant les enfants. En toute honnêteté je peux avouer que je n’ai jamais entendu mon père « sacrer » ni aucun des hommes engagés alentour de la ferme. Assez souvent, ma mère avait quelqu’un à rencontrer, à la brunante, sur la galerie afin de régler une situation, informer de ses nouvelles décisions ou simplement jaser avec mon père ou les voisins.
Au plafond de cette galerie étaient attachées de longues cordes qui servaient à étendre et sécher le linge durant l’hiver les lundis de lessive. Il fallait pendre les vêtements rapidement car ils gelaient et devenaient raides comme des bardeaux. Après deux ou trois jours on entrait ce linge encore gelé pour le déposer près du poêle à bois. En été c’était plus facile car on étendait le linge qui séchait en un rien de temps sur une longue corde à poulies, une vissées au garage et l’autre au coin de la grange. Et non, pas  d’automatisme. La laveuse consistait d’un grand récipient surmonté de tordeurs parfois électriques parfois manuels et quand à la sécheuse c’était le soleil et le vent.

Cette véranda était aussi la cachette des jeunes sœurs espiègles qui se glissaient en dessous pour écouter les confidences des grandes, de leurs amies et même de leurs cavaliers. Les ainées ne se doutaient pas que des p’tites oreilles étaient grande ouvertes à l’écoute de secrets ou de mots doux. Même furieuses il fallait parfois promettre aux petites bavardes l’impossible afin que ces révélations n’arrivent pas aux oreilles de maman.
C’est sur cette même galerie qu’un matin de septembre je disais adieu à mes amours de jeunesse avec la promesse que je ne m’immiscerais jamais entre lui et son Dieu. Cette parole donnée a été fidèlement tenue. De cela il y a soixante ans mais dans mon cœur et ma tête c’était hier.
Cette maison de soixante-quinze ans et sa galerie existent encore. Elle a subit l’épreuve du temps mais elle demeure toujours fière et très vivante. La galerie originale a été détruite, reconstruite et agrandie selon les gouts du nouveau propriétaire. Aujourd’hui les p’tits Cyr s’amusent sur ce perron avec leur Ipod et leur Game Boy tandis que la maman paye ses factures sur l’Internet, fait ses achats en ligne sur e-Bay en attendant que les pizzas McCain cuisent au four pour le repas du soir de la famille Cyr.
---------------------------------------

PETITE RANDONNÉE MATINALE
Murielle King, Grand-Sault

Il a neigé la nuit dernière. Je l`attendais avec fébrilité cette bordée. Eh oui, j`aime l`hiver. Quand je devais me rendre au boulot tous les matins, j`appréhendais parfois l’état des  routes. Désormais  mon statut de retraitée me procure de plaisantes activités au grand air. Donc ce matin, je suis aux anges. Sitôt mon petit déjeuner englouti, je chausse mes raquettes. Me voilà partie pour une bonne heure. Mes pieds s`enfoncent dans la neige en harmonie avec ma  respiration et le silence environnant. Tel un artiste produisant sur une toile vierge, j`imprime les empreintes de mon passage.
À ma vue s`offre un spectacle envoutant : cadeau gratuit de Dame Nature. Je veux me rendre au petit bois, là où habitent des épinettes immenses. Tout en progressant dans ma marche, j`ai l`impression de me fondre graduellement dans ce paysage hivernal. En empruntant le sentier habituel, j’aperçois ces branches de conifères ployant sous  le fardeau de cette épaisse couche de neige. On dirait que chacune d’entre elles s’évertuent à
embrasser le sol. Ou serait-ce plutôt qu'elles se prosternent devant le Créateur ? Bouleaux, merisiers, sapins et jusqu'aux plus minces brindilles dans le sous-bois, tous ont reçu une part des ornements. On pourrait imaginer qu'un malaxeur géant toujours en marche ait quitté son bol afin de répandre sa meringue dans tous les sens sur la forêt tout entière. Il me faut profiter au maximum de ces moments enivrants car je sais fort bien que cette magnificence peut être de courte durée. Il suffira de quelques bourrasques pour éparpiller ces guirlandes fragiles. Qu'à cela ne tienne, j’aurai eu un Noël en janvier.